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Page:Société de l’enseignement supérieur - Revue internationale de l’enseignement, volume 37, juin 1899.djvu/314

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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

sence d’un ou de plusieurs termes pris dans un sens figuré. La preuve en résultait surtout de circonstances voisines dont le concours est dans la plupart des cas de nature à produire la conviction quant à la vérité de l’hypothèse de la figure. On se rendra compte d’ailleurs de la portée des effets de la réforme du lexique combinés avec ceux de « la rhétorique védique » logiquement restituée, par cette remarque du hardi novateur sur la méthode défectueuse de ses devanciers :

« La rhétorique védique est en effet, dit-il, une rhétorique bizarre qui paraît avoir effarouché jusqu’à ce jour les interprètes les plus autorisés du Rig-Veda. Plutôt que d’y conformer leurs traductions, ils ont, pour éviter l’étrangeté des figures et surtout la cacophonie des métaphores discordantes, recouru un peu à tous les moyens. Quand l’effacement des images ou même la substitution pure et simple des termes propres aux termes figures ne leur a pas suffi, ils n’ont pas reculé toujours devant des violences plus graves à faire au lexique. »

III

Il va de soi que des divergences aussi importantes sur la manière d’entrer dans l’explication des détails ne pouvaient moins faire que d’en amener d’aussi profondes pour ce qui regarde l’ensemble, autrement dit pour le système général d’interprétation. Laissons à Bergaigne lui-même le soin d’indiquer où il en est arrivé en suivant la voie nouvelle que lui ouvraient les études préalables dont l’esquisse vient d’être tracée :

« J’avais fini par reconnaître, dit-il dans la Conclusion de sa Religion védique, que les interprétations exclusivement solaires, comme les interprétations exclusivement météorologiques, en un mot que les interprétations purement naturalistes, appliquées à l’analyse des mythes du Rig-Veda laÿèsent toujours ou presque toujours, un résidu liturgique, et que ce résidu, le plus souvent négligé jusqu’alors, en est précisément la partie la plus importante pour l’exégèse des hymnes. »

Il lui était impossible d’être plus net et de mettre plus clairement en évidence ce que sa méthode et son système apportaient de neuf dans nos études. Le sacrifice et tout ce qui s’y rapporte prenait désormais le pas sur le prétendu naturalisme primitif, qui perdait le rang principal qu’il occupait dans les explications antérieures, pour passer au rôle d’accessoire.

C’est le point où en était encore Bergaigne au moment de sa mort, comme on peut en juger par la publication posthume due aux soins de M. V. Henry de sa traduction de Quarante hymnes du Rig-Veda (Mémoires de la Société de linguistique de Paris, t. VII, 1894).

Les limites qu’il imposait à sa réforme ressortent d’ailleurs avec non moins de netteté du passage suivant de cette même Conclusion déjà citée :