Aller au contenu

Page:Société de l’enseignement supérieur - Revue internationale de l’enseignement, volume 37, juin 1899.djvu/411

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
405
L’EXTENSION UNIVERSITAIRE.

II. CAEN.

À Caen même, deux professeurs de l’Université, MM. Colin et Joyeux-Laffuie, deux étudiants, MM. Curel et Philibert, ont pris part, avec des professeurs du Lycée Malherbe et des instituteurs de la ville, aux cours d’adultes fondés par le Cercle caennais de la Ligue de l’Enseignement, cercle dont un professeur de l’Université est président.

De plus l’Université de Caen a entrepris cette année, à Lisieux, une œuvre qu’elle compte continuer ailleurs l’an prochain, et poursuivre successivement dans toutes les villes importantes de son ressort, pour se faire connaître, pour s’attirer les sympathies actives de toute la Normandie : du commencement de janvier jusqu’aux vacances de Pâques, trente leçons ont été faites à Lisieux par MM. Villey, doyen de la Faculté de droit ; Besson et Bigot, professeurs à la Faculté des sciences ; Tessier, doyen honoraire, Camena d’Alhneida et Souriau, professeurs à la Faculté des lettres ; Dr Noury, Chevrel, Dr Barette et Demerliac, professeurs à l’École de Médecine. Ces cours, faits dans l’intérêt de l’Université, n’ont rien rapporté aux professeurs, qui n’ont demandé à la ville de Lisieux que le strict remboursement de leurs frais de voyage. L’utilité de cette œuvre nouvelle a été exposée dans la leçon de clôture, qui a eu lieu devant un auditoire de plus de deux cents personnes : l’Université de Caen veut se faire connaître en Normandie, prouver que la région normande a un intérêt pratique et immédiat à la prospérité de son Université. Si le titre légal, « Université de Caen », est une réalité, cette Université n’a pas d’avenir : quel que soit le dévoûment de cette ville pour son enseignement supérieur, il y a un fait brutal qui domine tout : la loi du nombre ; Caen a quarante cinq mille habitants, tandis qu’il y en a trois fois plus à Toulouse, quatre fois plus à Lille, cinq fois plus à Bordeaux, etc. Caen ne peut pas faire pour son Université ce que font Aix-Marseille et Lyon.

Au contraire si l’Université de Caen devient réellement au fond l’Université de Normandie, elle ne craindra, comme ressources financières et scientifiques, aucune comparaison avec les autres groupes, de mème que la région où elle doit vivre et pousser des racines ne craint, comme richesse, aucune comparaison avec toute autre partie de la France.

Tandis que d’un côté les professeurs de l’Université normande tâcheront de faire la meilleure besogne possible. de l’autre les Normands comprendront l’intérêt personnel qu’ils ont à la mise en valeur de leur Université, et pourront contribuer à sa prospérité en lui faisant des dons, des legs. en fournissant des souscriptions plus nombreuses, plus importantes, à la Société des Amis de l’Université, enfin et surtout, en envoyant leurs enfants à leur Université, et non ailleurs.

III. LES PAYS ANGLO-SAXONS.

On se préoccupe depuis quelques années, dans la plupart des pays civilisés, d’agrandir le cercle d’action des Universités. C’est le mouvement qu’on désigne aujourd’hui sous le nom d’extension universitaire.

Parti de l’Angleterre il s’est récemment propagé en Allemagne et nous croyons être utile à nos lecteurs en résumant ici l’intéressant travail récemment publié par M. Albrecht[1].

  1. Deutsche Rundschau. Février 1899. — On pourra voir en lisant le résumé de cet article que M. Albrecht semble ignorer totalement ce qui s’est fait en France, où pourtant les résultats sont déjà considérables (N. de la Réd).