Page:Société de l’enseignement supérieur - Revue internationale de l’enseignement, volume 37, juin 1899.djvu/412

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
406
REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

L’auteur rappelle d’abord ce qui s’est fait en Angleterre. L’idée première vient d’un professeur de Cambridge, James Stuart qui voulait surtout s’adresser aux ouvriers. Les premiers cours populaires furent organisés en 1871 à Nottingham, à Derby et à Léicester. Chacun d’eux comprenait 12 conférences à raison d’une par semaine. On y parlait spécialement d’économie politique, de littérature anglaise, de mécanique et de sciences naturelles. Le conférencier distribuait en outre à son auditoire une sorte de sommaire ou Syllabus, résumant les parties principales de son enseignement. Il corrigeait aussi les travaux qui lui étaient remis ou proposait soit de vive voix, soit par écrit la solution de diverses questions. Des réunions intimes désignées sous le nom de « classes » complétaient l’enseignement des cours et permettaient de discuter les parties demeurées obscures ou comportant des explications supplémentaires.

De Cambridge le mouvement s’étendit en 1876 à Londres où la London Society for the extension of University teaching, sous la présidence du ministre d’État Goschen, fit une active propagande.

Oxford à son tour inaugura des cours populaires en 1878, et les professeurs à cette Université adoptèrent une méthode un peu différente de celle qui avait été jusqu’alors suivie. Pour compléter un enseignement nécessairement sommaire, ils eurent l’idée d’emporter avec eux un certain nombre d’ouvrages se rattachant à leur enseignement et accordèrent aux personnes ayant donné des preuves suffisantes de capacité et d’assiduité, le titre d’affiliés de l’Université d’Oxford.

L’Université de Cambridge adopta cette innovation et reconnut même à ses affiliés le droit de se présenter à certains examens universitaires après deux années d’études, au lieu de trois.

Bien que ce mouvement d’extension universitaire dut être plusieurs fois interrompu dans des villes où le terrain était peu favorable, et où les ressources pécuniaires indispensables faisaient défaut, on peut dire qu’aujourd’hui l’University Extension est devenue une véritable institution en Angleterre, n’occupant pas moins de 400 professeurs et réunissant, dans 650 cours, le nombre considérable de 57.000 auditeurs. Les dépenses annuelles sont d’environ 75.000 francs.

Lorsqu’on veut organiser dans une ville des cours universitaires, on s’assure le concours des autorités locales, des patrons et des ouvriers. On cherche à intéresser la population à cette entreprise par une réunion publique, on tâche de se procurer les fonds nécessaires constitués en partie par les rétributions des auditeurs) et on fait appel à l’Université la plus rapprochée. Les professeurs qui consentent à se déplacer, reçoivent des honoraires assez élevés, de 800 à 1.500 fr. pour une série de 12 conférences, sans compter les frais de déplacement.

Le mouvement de l’Extension universitaire existe également aux États-Unis. il y a été introduit par un professeur de l’Université de Johns Hopkins à Baltimore, H. R. Adams, et il y a pris bientôt des proportions considérables.

En 1890, nous voyons naître, à Philadelphie, la American Society for the Extension of University Teaching qui débute avec 40 cours et 50.000 auditeurs. À New-York, l’État accorde une subvention considérable, les cours, dirigés par le Board of Education, ont réuni, dans le courant de l’année 1893-96, 393.285 auditeurs. Le développement prodigieux des bibliothèques scientifiques populaires a contribué à l’essor de l’extension universitaire dans l’État de New-York.