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Page:Sophocle (tradcution Masqueray), Tome 2.djvu/251

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NOTICE

Il est dit en tête du second Argument de l’Œdipe à Colone[1] que la pièce fut mise en scène en 401, quatre ans après la mort du poète, par les soins de son petit-fils, Sophocle le jeune[2]. On a prétendu qu’il ne s’agissait là que d’une reprise et que l’œuvre était plus ancienne. Sous prétexte qu’à la fin des Phéniciennes, Œdipe annonce, comme le lui a prédit Apollon, qu’il mourra à Colone, séjour de Poséidon équestre[3], on a supposé qu’Euripide connaissait la pièce de son rival, avant d’écrire la sienne, qui a été jouée vers 409. Rien n’autorise l’interversion. Ces vers, — qui n’ont pas été ajoutés après coup dans les Phéniciennes par souvenir de la pièce de Sophocle[4], — contiennent seulement une allusion à une des légendes sur la mort d’Œdipe, dont Sophocle s’est inspiré quelques années plus tard dans sa dernière œuvre : l’un et l’autre poète suivent une tradition commune. Un chœur de l’Œdipe à Colone où sont déplorés avec une amertume émouvante les malheurs qui accablent l’homme, quand sa vie se prolonge au delà de la mesure ordinaire[5] n’a pu être écrit par

  1. Dans L, p. 118. Cet Argument est suivi de deux autres ὑποθέσεις, l’une en distiques, l’autre de ce Saloustios, rhéteur syrien du ve siècle ap. J.-C. Cf. Sophocle I, p. 67. — Le premier Argument est en tête de la pièce, dans L, p. 96 sq.
  2. Τὁν ἐπἱ Κολωνῷ Οἰδίπουν ἐπἱ τετελευτηκότι τῷ πάππῷ Σοφοκλῆς ὁ ὐἲδοῦς ἐδίδαξεν, υἱὸς ὢν Άρίστωνος, ἐπἱ ἄρχοντος Μίκωνος, ὄς ἐστι τέταρτος ἀπὸ καλλίου, ἐφ᾽ οὗφασιν οἱ πλείους τὸν Σοφοκλέα τελευτῆσαι.
  3. Phénic. 1703-9.
  4. Zielinski, Mnemosyne, 1922, p. 313, prétend que l’Œdipe à Colone était déjà terminé, quand Euripide composa ses Phéniciennes et qu’il en eut connaissance par des lectures publiques qu’en avait faites Sophocle aux acteurs et gens du métier. Cette hypothèse échappe à toute discussion.
  5. Œd. à Col. 1211 sqq. Voir la note de Schneidewin au v. 1239.