Parlez. Ayez pitié de tant de malheureux ;
Songez qu’Œdipe...
Nous joignons à sa voix notre plainte éternelle.
Vous a qui le ciel parle, entendez nos clameurs,
Nommez cet assassin, ce monstre, ce perfide.
Vous frémirez d’horreur au seul nom du coupable.
Le Dieu qui par ma voix vous parle en ce moment,
Commande que l’exil soit son seul châtiment ;
Mais bientôt éprouvant un désespoir funeste,
Ses mains ajouteront à la rigueur céleste.
De son supplice affreux vos yeux seront surpris,
Et vous croirez vos jours trop payés à ce prix.
Vous à qui j’ai donné sa couronne et ma main ?
Non, seigneur, non : des Dieux l’oracle nous abuse :
Votre vertu dément la voix qui vous accuse.
Grâce à l’impunité, ta bouche sacrilège,
Pour accuser ton roi d’un forfait odieux,
Abuse insolemment du commerce des Dieux !
Tu crois que mon courroux doit respecter encore
Le ministère saint que ta main déshonore.
Traître ! au pied des autels il faudrait t’immoler,
À l’aspect de tes Dieux que ta voix fait parler !
Profitez des moments que vous avez à l’être ;
Aujourd’hui votre arrêt vous sera prononcé.
Tremblez, malheureux roi, votre règne est passé ;
Une invisible main suspend sur votre tête
Le glaive menaçant que la vengeance apprête ;
Bientôt, de vos forfaits vous même épouvanté,
Fuyant loin de ce trône où vous êtes monté,
Privé des feux sacrés et des eaux salutaires,
Remplissant de vos cris les antres solitaires.
Partout d’un Dieu vengeur vous sentirez les coups :
Vous chercherez la mort ; la mort fuira de vous.
Le ciel, ce ciel témoin de tant d’objets funèbres,
N’aura plus pour vos yeux que d’horribles ténèbres :