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Page:Sophocle - Œdipe Roi, trad. Bécart, 1845.djvu/53

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TIRÉSIAS.
O toi seul as causé tes malheurs !


ŒDIPE.
Sceptre, trésors, couronne, ô splendeur éphémère !

O source de dangers et de tristesse amère !
Que votre éclat exposé à d’affligeants retours !
Quoi ! de l’ambition étranger aux détours,
Ignorant tous les maux qu’attirent sur la vie
Tous ces dons de l’esprit qui suscitent l’envie,
J’arrive dans ces murs, sans projets, sans desseins ;
Je monte sur un trône offert par les Thébains ;
Créon, qui me semblait un ami sûr, fidèle,
Dans le secret intrigue et mon trône chancèle !
Il cherche à suborner un devin odieux
Doublement aveuglé, rusé, séditieux[1],
L’excite contre moi, se sert de ses prestiges ;
Car enfin, dis-le-nous, par quels rares prodiges,

  1. Plusieurs traducteurs ont supprimé, même en prose comme nous en vers, et apparemment par délicatesse, une partie de la kyrielle des injures qui sont dans le texte grec et que vomit Œdipe irrité : Ce magicien, cet artisan de fraudes et de ruses, ce fourbe, ce menteur, ce bateleur ou jongleur, ce charlatan qui est né aveugle en son art.