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Page:Sophocle - Œdipe Roi, trad. Bécart, 1845.djvu/89

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JOCASTE.
Viens écouter cet homme, et, d’après son langage

Vois ce qu’est d’Apollon le sinistre présage.

ŒDIPE.
Que dit et de quels lieux arrive l’étranger ?


JOCASTE.
De Corinthe à l’instant est venu ce berger ;

Il t’annonce la mort du monarque ton père.

ŒDIPE.
Parle ; étranger ?


LE BERGER.
Polybe a fini sa carrière.


ŒDIPE.
Mais comment a-t-on vu s’accomplir son destin ?

Aurait-il succombé sous un fer assassin ?

LE BERGER.
Par le moindre accident la tremblante vieillesse

Voit la tombe de près[1].

ŒDIPE.
La langueur, la faiblesse

Ont donc éteint sa vie ?

LE BERGER.
Et son âge avancé[2].


ŒDIPE.
D’un parricide affreux par les Dieux menacé,
  1. « Comme les grands poètes parlent merveilleusement de la mort, c’est-à-dire le plus simplement du monde ! » a dit CHATEAUBRIAND.
  2. Cette remarque devait produire naturellement en Œdipe plus d’assurance et lui faire approuver l’incrédulité de sa femme. Son père est mort d’une mort naturelle, donc les oracles étaient faux. Toutes ces consolations le tranquillisent un instant, mais elles vont se changer tout à coup en de terribles révélations et en certitudes effrayantes.