être basse, je persisterai à vouloir la connaître. Elle peut-être, car elle a tout l’orgueil d’une femme, rougit de mon obscure origine. Mais moi, je me reconnais fils de la Fortune[1], qui m’a comblé de ses bienfaits, et je ne subirai pas l’infamie. Car j’ai la Fortune pour mère, et le cours de ma vie m’a départi tour à tour la misère et la grandeur. Issu d’une telle origine, je ne saurais plus désormais devenir autre que je n’ai été, ni renoncer à connaître ma naissance.
(Strophe.) Si je sais lire dans l’avenir, et si mes pressentiments ne m’abusent, j’en atteste l’Olympe, ô Cithéron, demain, la lune, dans son plein, n’aura pas achevé son cours[2], sans que tu sois honoré par nous, mont sacré de la patrie, comme le père et le nourricier d’Œdipe, et célébré par nos danses pour les services que tu rends à mes rois. Apollon sauveur, exauce mes vœux !
(Antistrophe.) O mon fils, quelle fille des immortels t’a donné le jour, par son union avec le dieu Pan, qui erre sur les montagnes, ou est-ce quelque nymphe amante d’Apollon ? car ce dieu se plaît aussi sur les collines aux riches pâturages. Ou bien le dieu du Cyllène[3], ou Bacchus, qui habite la cime des monts, t’aurait-il
- ↑ Plutarque, Sur la fortune des Romains, c. 4, raconte que Sylla s’appliquait à lui-même ce vers de Sophocle. Euripide appelait le Sort, fils de la Fortune, dans un vers conservé par Plutarque, Sur l’intelligence des animaux, c. VIII, 8. — Horace, sixième Satire du l. II, v. 49, dit que le vulgaire, jaloux de l’amitié que lui accordait Mécène, le qualifiait de : Fortunœ filius !
- ↑ Selon Musgrave, ceci se rapporte à certains sacrifices religieux qui se faisaient le jour de la pleine lune. Hermann suppose à tort qu’il y a seulement une allusion au jour de la représentation de la pièce.
- ↑ Montagne de l’Arcadie, sur laquelle Maïa avait donné le jour à Mercure.
Énéide, VIII, 138 :
Vobis Mercurius pater est, quem candida MaiaCyllenes gelido conceptum vertice fudit.