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Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/333

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CRÉON.

Quoi ! à notre âge, nous prendrons des leçons de sagesse d’un si jeune homme !

HÉMON.

N’en prends que de la justice ; mais si je suis jeune, c’est moins mon âge que mes actes qu’il faut considérer.

CRÉON.

C’est un bel acte, en effet, d’honorer ceux qui violent les lois !

HÉMON.

Non, je ne conseillerais pas d’honorer les méchants.

CRÉON.

Mais celle-là n’est-elle pas atteinte de ce mauvais esprit ?

HÉMON.

Tout le peuple de Thèbes le nie.

CRÉON.

Ainsi Thèbes me dictera les ordres que je dois donner.

HÉMON.

Vois-tu combien tu viens de parler en jeune homme ?

CRÉON.

Apparemment c’est un autre que moi qui doit régner sur ce pays ?

HÉMON.

En effet, ce n’est plus une cité, celle qui dépend d’un seul homme[1].

CRÉON.

La cité n’appartient-elle pas à celui qui gouverne ?

HÉMON.

Il serait beau de régner seul sur une terre déserte !

CRÉON.

À ce que je vois, il prend le parti de cette femme ?

HÉMON.

Tu es donc femme ? car c’est dans ton intérêt que je parle.

  1. Ici, se font jour les idées de la démocratie athénienne.