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Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/349

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et qui fais les délices de la fille de Cadmus[1], rejeton de Jupiter qui fait gronder la foudre, protecteur de la glorieuse Italie[2], et de la contrée[3] où les fêtes de Cérès Éleusinienne[4] attirent un si grand concours, Bacchus, qui te plais au séjour de Thèbes, nourrice des Bacchantes, sur les bords arrosés par l’Isménos, aux lieux où furent semées les dents du farouche dragon :

(Antistrophe 1.) Une flamme brillante[5] luit en ton honneur sur la double colline fréquentée par les nymphes Coryciennes[6], suivantes de Bacchus, et baignée par les eaux de Castalie[7] ; du mont Nysa[8] couvert de lierre[9], et de ses côteaux chargés de vignes verdoyantes, tu viens, au bruit des chants sacrés des Bacchantes, visiter les places publiques de Thèbes[10] ;

(Strophe 2.) Thèbes, honorée entre toutes les villes, par toi et par ta mère, victime de la foudre, aujourd’hui encore, que la ville entière est en proie à un cruel fléau, viens la sauver par ta présence, en franchissant les hauteurs du Parnasse ou le détroit retentissant[11].

  1. Sémélé, mère de Bacchus.
  2. L’Italie méridionale, ou la Grande-Grèce, peuplée de colonies grecques : la vigne y croissait avec abondance.
  3. M. Hermann, ainsi que Bothe, pensent que le mot κόλποις désigne ici le golfe Saronique, non loin duquel se trouvait Éleusis. Le scholiaste l’explique seulement par πέδιοις.
  4. On sait le rôle que Bacchus jouait dans les mystères d’Éleusis.
  5. Les uns entendent ici la flamme des sacrifices ; d’autres, une flamme qui se voyait la nuit sur le mont Parnasse, et que la fiction poétique attribuait aux danses de Bacchus, portant une torche dans chacune de ses mains. (Voyez Euripide, Bacch., 306 ; Phœn., 233 ; Ion., 711, 1125 ; et Aristophane, Grenouilles, 1242.)
  6. Corycie, grotte au pied du Parnasse ; elle a été décrite par Pausanias (X. 32).
  7. Castalie, source qui sortait du Parnasse.
  8. Il y avait un mont Nysa en Eubée ; il y en avait en Phocide, en Thrace, en Arabie, en Éthiopie, dans l’Inde, tous consacrés à Bacchus. La strophe suivante autorise à conclure qu’il s’agit ici de Nysa en Eubée.
  9. Selon Camérarius, ce lierre est celui des thyrses que portaient les Bacchantes
  10. Dans les fêtes auxquelles ce Dieu présidait.
  11. L’Euripe, détroit qui sépare l’île d’Eubée de la Béotie.