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Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/351

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LE CHŒUR.

Quel nouveau malheur de nos rois viens-tu nous annoncer ?

L’ENVOYÉ.

Ils sont morts ; et ceux qui leur survivent sont la cause de leur trépas.

LE CHŒUR.

Lequel est le meurtrier ? quel est le ravisseur ? parle.

L’ENVOYÉ.

Hémon a péri ; une main amie[1] a versé son sang.

LE CHŒUR.

Est-ce de la main de son père, ou de la sienne propre ?

L’ENVOYÉ.

Il s’est frappé lui-même, irrité contre son père, pour le meurtre d’Antigone.

LE CHŒUR.

O Tirésias ! comme l’événement a confirmé ta prédiction !

L’ENVOYÉ.

Dans cet état de choses, il est à propos de songer aux suites.

LE CHŒUR.

Mais j’aperçois près de nous la triste Eurydice, l’épouse de Créon ; elle sort du palais, soit qu’elle ait entendu parler du malheur de son fils, soit amenée par le hasard.


EURYDICE.

Thébains ici assemblés, j’ai entendu vos paroles, au moment où j’allais sortir pour adresser mes prières à la divine Pallas[2]. J’ouvrais les portes[3], après avoir tiré les verroux, lorsque je ne sais quel mot de malheur domes-

  1. Αὐτόχειρ, dont le sens naturel est celui de suicide, pris ici dans un sens particulier, et signifie une main de famille'.
  2. Il y avait sans doute une statue de cette déesse à l’entrée du palais. C’est ainsi que, dans Œdipe Roi, Jocaste va implorer Apollon.
  3. Littéralement : « je lâchais les verroux de la porte qui se tire en arrière .»