Page:Sorel - Réflexions sur la violence.djvu/404

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catholiques de se soumettre aux nécessités du temps ; le couronnement de sa politique fut la dissolution des ordres religieux[1] ; Drumont a pu le rendre, plusieurs fois, responsable des désastres qui ont accablé l’Église de France (p. ex. Libre parole, 30 mars 1003) ; mais on pouvait dire aussi que les catholiques recueillirent les fruits amers de leur lâcheté et que jamais malheurs ne furent mieux mérités que les leurs. Une telle expérience ne doit pas être perdue pour les syndicalistes, auxquels on conseille si souvent d’abandonner l’absolu pour se confiner dans une politique sage, savante et toute préoccupée des résultats immédiats ; les syndicalistes ne veulent pas s’adapter et ils ont certainement raison, puisqu’ils ont le courage de subir les inconvénients de la lutte.


Il ne manque pas de catholiques pour estimer que la paix pourrait être obtenue dans la société contemporaine sans se soumettre à l’adaptation et sans chercher à réaliser l’harmonie impossible des anciens théologiens. Les difficultés que présente la coexistence des deux pouvoirs pourraient être réduites, en effet, à presque rien, le

  1. On remarqua en France que la protestation contenue dans la lettre du 29 juin 1901 contre la loi des associations est singulièrement mesquine. Que l’on compare cette vague littérature aux dépêches des ler et 8 juin 1903 relatives au voyage de Loubet à Rome : Léon XIII sentait bien la portée du fait italien qui blessait son orgueil, après avoir cru que les faits français n’avaient pas une grande portée, parce qu’il fondait les plus singulières espérances sur les résultats qui devait produire l’alliance franco-russe.