Page:Sorel - Réflexions sur la violence.djvu/405

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jour où le nombre des matières mixtes sur lesquelles s’exerçait jadis la compétition des deux souverainetés, aurait encore un peu diminué.

Dans les temps barbares l’extension démesurée des juridictions ecclésiastiques avait pu être bienfaisante, alors qu’il n’existait pas encore de tribunaux sérieusement organisés ; ce régime devait disparaître au fur et à mesure que l’État remplirait plus complètement ses fonctions ; les institutions laïques ont été, à juste titre, préférées parce qu’elles ont été mieux appropriées à l’économie : nul ne songe plus, par exemple, à traiter les testaments comme des actes religieux : depuis des siècles, on a cessé de compléter les contrats par des serments promissoires dont les officialités examinaient les conséquences ; les clercs ont fini par être jugés comme les autres citoyens. Bien que les théologiens continuent à affirmer, avec la même force qu’autrefois, que l’Église peut seule créer de vrais mariages, la constitution de la famille lui échappe de la manière la plus complète ; le clergé ne parvient même plus à restreindre un peu efficacement la considération dont jouissent dans le monde, les gens qui se sont mariés civilement après divorce. Les richesses qui avaient été accumulées par les générations antérieures pour subvenir aux œuvres d’assistance catholique, ont été confisquées et ces œuvres ont été, en grande partie, laïcisées.

Les prescriptions fondamentales en vue desquelles a été instituée la monarchie religieuse, seraient, suivant l’opinion de beaucoup de personnes, fidèlement exécutées si l’Église se contentait de gouverner le culte public, les écoles d’enseignement théologique et les instituts monastiques ; — au cas où le droit commun serait suffi-