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LIVRE II
À CÔTÉ DU PARNASSE

CHAPITRE PREMIER
Théodore de Banville
§ I. — Ce qui semble le rapprocher du Parnasse

Le grand Leconte de Lisle avait la petitesse d’être parfois jaloux ; Théodore de Banville finit par s’en apercevoir : en effet, ce poète qui fit ses débuts en 1842, à dix-neuf ans, pour prolonger son effort créateur pendant cinquante ans ; qui, par sa valeur artistique et sa bonté personnelle, aurait pu grouper autour de lui la jeunesse parnassienne, non seulement n’a pas été le chef du Parnasse, mais encore a été évincé du groupe central, des troupes régulières, et n’a été qu’un vague franc-tireur, aux environs.

Pourtant, certains critiques veulent en faire un parnassien pursang, et un chef, sinon le chef de l’École[1]. Vers 1866, les gens peu avertis croient à la maîtrise de Banville, et veulent voir, dans le succès de son Gringoire au Théâtre Français, « la preuve que les temps sont venus », c’est-à-dire, que le Parnasse triomphe avec Banville[2]. Tâchons de bien établir les faits, et d’abord ceux qui sont contraires à la thèse que je soutiens pour mon compte.

Il est incontestable que, pendant dix ans au moins, Théodore de Banville fait partie officiellement du Parnasse, puisqu’il collabore aux trois tomes du Parnasse Contemporain. La première livraison, celle du 3 mars 1866, contient un poème de lui, L’Exil des Dieux[3],

  1. Clair Tisseur, Modestes observations, p. 118 ; Max Fuchs, Théodore de Banville, p. vii-viii ; Rivaroli, La Poétique parnassienne, p. 14-17, 20 ; Siciliano, Del Romanticismo, p. 107 ; Gustave Kahn, Figaro du 17 septembre 1927.
  2. Mme Adam, Mes sentiments, p. 105.
  3. Repris dans Les Exilés, p. 44 ; cf. Gourmont, Promenades, II, 49.