Un autre, et non des moindres, n’ayant pas su apercevoir les fautes de Dierx, s’imagine que ses vers sont uniformément impeccables[1]. Mais seuls sont infaillibles Leconte de Lisle, Théophile Gautier et Heredia ; les autres parnassiens, même Dierx, font plus ou moins de fautes, mais ils en font. Il y a, surtout au début de son œuvre, des à peu près, comme celui-ci :
Son regard souverain, en un splendide essor,
Sur la ville en rumeur et sur son peuple immense
S’abaissait[2].
On pourrait même signaler dans sa poésie des incursions de la Musa pedestris :
Quand l’œil fit autrefois éclosion sur terre
Dans un frêle organisme encor rudimentaire[3] ;
Ce ne sont pas deux vers, mais deux lignes de prose rimées. Non, il n’y a pas chez Dierx une perfection continue ; mais ce n’est pas juger un poète que de l’éplucher. Il s’agit de savoir si le meilleur de son œuvre est bon, si, quand Dierx se surpasse, il arrive à une véritable grandeur ; or, il a des moments de réussite parfaite, où l’on ne sait ce qu’il y a de plus admirable, la forme ou l’idée. Il a un système d’harmonie par échos, comme une sorte de canon, la fin d’une strophe devenant le début de la suivante, ou encore la fin d’un vers recommençant au vers suivant ; c’est un peu l’effet d’un pantoum dont on aurait desserré les chaînes. L’effet est exquis dans ce Soir d’Automne que Remy de Gourmont déclare « une merveille de fluidité automnale » ; de beaux rythmes alanguis rendent la lassitude des choses :
Un souffle lent répand ses dernières caresses…[4]
C’est, je pense, Verlaine qui, le premier, a découvert le secret de cette harmonie : le retour périodique d’un vers qui est comme un refrain presque imperceptible : « Dierx promène, en écoliers buissonniers, plusieurs vers dans la même pièce, comme un improvisateur au piano, qui laisse errer plusieurs note ?, toujours les