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LE PARNASSE

CHAPITRE XIII
Le deuxième Parnasse Contemporain

À l’automne de 1868, au retour d’un voyage en Bretagne, Theuriet trouve les Parnassiens en effervescence : chacun met la dernière main à un poème, ou donne le suprême coup de lime à un sonnet, pour être prêt à temps, car Lemerre édite, à ses frais cette fois, un second Parnasse, et convie les poètes[1]. Il a l’heureuse idée de s’adjoindre Leconte de Lisle comme conseiller littéraire, et président du Comité de publication[2]. Aussi le Comité s’empresse-t-il de débarquer ceux qui constituaient le poids mort du premier Parnasse, Philoxène Boyer, Auguste de Chatillon, Fertiault, Fomi, Arsène Houssaye, Edmond Lepelletier, Alexis Martin, Piedagnel, Francis Tesson, Vacquerie, Villemin et Winter. Le Comité, qui siège au Passage Choiseul, décide qu’on acceptera sans examen, comme les hors-concours du Salon, les poètes consacrés, même non parnassiens[3].

Le nouveau Parnasse se présente bien, avec ses trente et un nouveaux poètes : Jean Aicard, Auguste Barbier, Mme Blanchecotte, Léon Cladel, Mme Louise Colet, Alexandre Cosnard, Charles Cros, Alfred des Essarts, Anatole France, Glatigny, Léon Grandet, Édouard Grenier, Ernest d’Hervilly, Georges Lafenestre, Victor de Laprade, Eugène Manuel, Gabriel Marc, Mme Nina de Callias, Mme A. Penquer, Laurent-Pichat, Frédéric Plessis, Claudius Popelin, G. Pradelle, Robinot-Bertrand, Sainte-Beuve, Louis Salles, Louisa Siefert, Armand Silvestre, Josephin Soulary, André Theuriet, Antony Valabrègue.

On devine aisément sur cette liste les noms des quatre « poètes consacrés », qui ne sont pas, en effet, des parnassiens, mais dont les noms font bien à la table des matières : Barbier, Laprade, Sainte-Beuve et Soulary.

Auguste Barbier dut être bien surpris de se voir invité en un pareil milieu : il ne pouvait avoir oublié ni les louanges acerbes que lui

  1. Theuriet, Souvenirs, p. 264-265, 258.
  2. Lepelletier, Verlaine, p. 204.
  3. Ricard, Le Petit Temps du 6 décembre 1898.