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HISTOIRE DU PARNASSE

qui est un historien littéraire très précieux, mais dont La Bigolante est quelque chose comme une décoction de la Sylvie de Musset ; Ernest d’Hervilly, qui a été surtout un journaliste spirituel, et qui semble parodier plutôt qu’imiter le genre de Leconte de Lisle[1] ; Eugène Lefébure qui, au Parnasse de 1866 se comparait modestement à un vieux pingouin assommant :


D’une imbécillité calme que rien n’émeut,
Ils se laissent en cercle assommer sur la grève,
Et moi, je sais un être abruti qui ne peut
Nager dans l’action ou planer dans le rêve,
Fixe, les bras pendants, les yeux perdus au loin.
Ah ! l’assommera-t-on bientôt, ce vieux Pingouin ?


Au Parnasse de 69, Lefébure se compare à une rose malade ! Il y a, dans les bas-fonds de l’École des figures bizarres ; et puis, aussitôt après, on fait de bonnes rencontres : c’est le charmant Gabriel Marc qui, avant Coppée, chante très joliment les curiosités de Paris, et notamment L’Entresol du Parnasse :


Voici Dierx et d’Hervilly,
Armand Renaud, François Coppée,
Glatigny rêveur et pâli ;
Voici Dierx et d’Hervilly.
Pour guérir un siècle vieilli
Ils cherchent la pharmacopée.
Voici Dierx et d’Hervilly,
Armand Renaud, François Coppée.

Sully Prudhomme et Cazalis
Se tiennent près de Lafenestre.
Theuriet compare à des lys
Sully Prudhomme et Cazalis.
Cazalis, venant de Tiflis,
Serre la main d’Armand Silvestre.
Sully Prudhomme et Cazalis
Se tiennent près de Lafenestre.

À ces innocents jeux d’esprit
Pardonnez, Leconte de Lisle.
Je vois Banville qui sourit
À ces innocents jeux d’esprit.
Gardons le triolet proscrit
Par La Harpe et l’abbé Delille !
À ces innocents jeux d’esprit
Pardonnez, Leconte de Lisle[2].


  1. Cf. Valabrègue, Revue Bleue du 7 avril 1894, p. 444.
  2. Cf. Mendès, La Légende, p. 243-245.