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HISTOIRE DU PARNASSE

donc un dissident ; les Parnassiens diraient un renégat. Son grand ami, Barbey d’Aurevilly, finit par prétendre qu’il n’a jamais été du Parnasse[1]. En somme, on peut dire de son envoi que ce sont des vers pour apprendre à écrire en prose.

Mélanie Bourotte. Au Parnasse, Rotte. Admise parce que, dit France, « Banville y tient ». Comment peut-il tenir à cette pièce, En Forêt, où Rotte compare un vieux garde, suivi de son vieux chien, à un vieux chêne :


Sa grande ombre enveloppe une pente sonore
Où, de chênes, ses glands ont couvert le terrain[2].


Jules Breton. C’est un très grand maître, mais non en l’art des vers. On effleurerait simplement du regard ses poésies, si elles n’étaient pas signées par le peintre de Courrières. Sa prose vaut mieux[3].

Léon Cladel. Romancier régionaliste qui n’a pas le sens du vers ; dans un sonnet, Effet d’Arpèges, il décrit une artiste assise à son piano :


Elle était tout en blanc ainsi qu’une donzelle ;
Ses cheveux rejetés en arrière et sans art,
Arrosaient son peignoir ample de filoselle,
Griffé d’une émeraude en forme de lézard[4].


Mme Louise Colet. Déjà vue au Parnasse de 1869[5].

Camille Delthil. Très fin poète régionaliste ; chante son Quercy. Grandira encore après le Parnasse de 1876[6].

Emmanuel des Essarts. Continue à chanter la Révolution.

Alcide Dusolier. Fait des vers comme ceux qu’on trouve dans les Mémoires des Sociétés d’Émulation.

Louis de Fourcaud est le bienvenu au Parnasse : Banville est bienveillant ; France appuie : « Oui… C’est très intelligent, savant, et d’un bon esprit ». Son historien, M. Rocheblave, estime que ses sonnets hiératiques le rapprochent de Leconte de Lisle et de Heredia[7]. Devant eux, Fourcaud, qui sent sa force, n’abdique

  1. Les Poètes (Lemerre, 1893), p. 307-308.
  2. Mendès, Dictionnaire, p. 43.
  3. Mendès, Dictionnaire, p. 45-46 ; cf. Theuriet, Souvenirs, p. 263-264 ; Léon Bocquet, Figaro du 7 mai 1927.
  4. Figaro du 21 mai 1927.
  5. On est surpris de voir figurer cette vigoureuse personne dans Les Poétesses dolentes du Romantisme, thèse soutenue en 1928 à Haarlem, par Mme Baale-Wittenbosch.
  6. Jules Tellier, Nos Poètes, p. 96-97 ; Mendès, Dictionnaire, p. 68.
  7. Louis de Fourcaud, p. 359.