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Page:Souvenirs d'enfance de Sophie Kovalewsky.djvu/188

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introduction.

différents pays, cherchant ainsi à rendre mes souvenirs plus précis, sur les faits dont elle m’avait si souvent entretenue. Je citerai les correspondances autant qu’elles me sembleront propres à jeter une lumière vraie sur son caractère — vraie à mon point de vue du moins, — c’est-à-dire conformes à ses propres interprétations.

Ce n’est pas, comme on le voit, la vérité objective que je cherche dans l’histoire de Sophie.

Que signifie d’ailleurs la vérité objective lorsqu’il s’agit d’expliquer une âme ?

On pourra récuser la justesse de mes appréciations et de mes jugements, on pourra interpréter les sentiments ou les actes de Sophie d’une manière différente de la mienne ; — selon moi il importe peu.

Les dates que je donne sont aussi exactement contrôlées qu’il m’a été possible de le faire : sous ce rapport seul, j’ai évité la suggestion de Sophie, trop fantaisiste en pareille matière.

L’été passé, je rencontrai Henri Ibsen à Christiania et lui parlai de mon intention d’écrire la biographie de Sophie Kovalewsky.

« Est-ce bien sa biographie que vous comptez écrire ? N’est-ce pas plutôt un roman sur elle ?

— Oui, répondis-je, si vous entendez par là son roman fait par elle-même, mais tel que je le conçois, avec mon point de vue particulier sur elle.

— Vous avez raison, dit-il, c’est en romancier ou en poète qu’il faut aborder cette œuvre. »