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Page:Souvenirs d'enfance de Sophie Kovalewsky.djvu/210

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III

UNE ANNÉE D’ÉTUDES CHEZ WEIERSTRASS
VISITE À PARIS PENDANT LA COMMUNE


Un jour, le professeur Weierstrass vit entrer, non sans surprise, une étudiante qui, d’un air embarrassé, venait le prier de l’admettre au nombre de ses élèves.

L’Université de Berlin était alors fermée aux femmes, comme elle l’est encore aujourd’hui ; aussi Sophie, désirant ardemment profiter de l’enseignement de celui qui passe pour le père de l’analyse mathématique moderne, prit-elle le parti de lui demander des leçons particulières. Le professeur examina l’étudiante inconnue avec une certaine méfiance, et pour la mettre à l’épreuve, il lui donna des problèmes, destinés aux élèves les plus avancés de son cours, persuadé qu’elle ne reviendrait plus. Cette première impression n’avait pas été favorable. Mal habillée, comme elle l’était toujours à cette époque, Sophie vint encore coiffée au hasard d’un