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Page:Souvenirs d'enfance de Sophie Kovalewsky.djvu/237

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sophie kovalewsky.

Sophie. L’impression emportée par le professeur suédois fut si vive, que plusieurs années après, lorsqu’il fut lui-même nommé professeur de mathématiques à l’École supérieure de Stockholm, une de ses premières démarches fut de chercher à obtenir Mme Kovalewsky comme « privat docent ». Même avant la mort de son mari, Sophie avait témoigné le désir d’une place de ce genre dans une Université, et Mittag-Leffler, dont l’intérêt pour la question de l’émancipation des femmes égalait celle qu’il prenait à la nouvelle Université, saisit avec empressement l’idée de lui assurer l’éclat du premier enseignement féminin digne de marquer dans la science.

En 1881, Sophie écrivit au professeur la lettre suivante relative à ce projet :


Juin 1881. Berlin.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Je ne vous remercie pas moins de l’intérêt que vous voulez bien prendre à ma nomination à Stockholm et de toutes les démarches que vous faites à ce sujet. En ce qui me concerne, je puis vous assurer que si la place de « privat docent » m’est offerte, je l’accepterai de tout mon cœur. Je n’ai jamais compté sur une autre position que celle-là, et je vous avouerais même que, pour commencer, je serais bien moins gênée et moins timide, si l’on ne m’offre que la possibilité d’appliquer mes connaissances à l’enseignement supérieur, afin d’ouvrir ainsi aux femmes l’entrée des Universités ; elle ne leur est permise jus-