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Page:Souvenirs d'enfance de Sophie Kovalewsky.djvu/311

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sophie kovalewsky.

« Je doute que j’aille à Bologne pour les fêtes du Jubilé pour lesquelles il avait été question de faire le voyage, en partie parce que cela coûte très cher, à cause des toilettes, etc., en partie aussi parce que ces solennités sont ennuyeuses, et pas du tout de mon goût. Il est important aussi pour moi d’aller à Paris, quand ce ne serait que pour peu de temps. Du 15 mai au 15 juin, je compte donc me trouver à Paris, et ensuite aller te rejoindre en Italie avec le gros M., car il est convenu que nous y passerons l’été ensemble. Ceci est l’essentiel ; quant à l’endroit, ce détail est secondaire et m’intéresse moins. Pour ma part je proposerais les lacs italiens ou le Tyrol. M. accepte le projet, mais il aurait préféré nous décider à faire avec lui le voyage du Caucase en passant par Constantinople. J’avoue que le projet est tentant, d’autant plus que selon M. ce voyage n’est pas du tout coûteux ; mais j’ai mes doutes à cet égard, et je crois que nous ferons sagement de nous en tenir aux pays civilisés. Il y a encore une circonstance qui à mes yeux parle en faveur du premier projet. Je voudrais terriblement fixer sur le papier quelques-unes des fantaisies qui m’ont hantée cet été. Tu devrais aussi recommencer à travailler, après t’être reposée tous ces derniers mois, et cela n’est possible que si nous nous établissons dans quelque bel endroit, pour y mener une vie tranquille, idyllique. Et jamais on n’est aussi tenté d’écrire un roman qu’en société du gros M., car malgré ses dimensions considérables, lesquelles du reste sont en rapport