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Page:Souvenirs d'enfance de Sophie Kovalewsky.djvu/312

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triomphe et défaite.

avec son type de boïard russe, c’est le héros de roman le plus accompli, d’un roman réaliste s’entend, que j’aie rencontré de ma vie. Je le crois, de plus, bon critique littéraire, avec l’étincelle sacrée. »

Ces plans de réunion ne se réalisèrent pas. Sonia rencontra son nouvel ami russe à Londres à la fin du mois, puis, en été, alla trouver Weierstrass dans le Harz, pour avoir son avis sur la rédaction définitive de son travail ; elle l’avait envoyé au printemps à l’Académie des sciences sous une forme inachevée, en demandant la permission de présenter un développement plus complet à la fin de l’année, au moment du concours. L’ardeur qu’elle avait mise à travailler pendant ces mois de printemps, ressort des billets que je reçus à cette époque. L’un est écrit de Stockholm et adressé à mon frère et à moi ; nous étions alors ensemble en Italie.

« Mes chers amis, je ne parviens pas à vous écrire longuement, car je travaille tant que je peux, autant qu’il est possible à un être humain de travailler. Je ne sais si j’arriverai à temps avec ma dissertation. Je me heurte à une difficulté dont je ne suis pas encore sortie… »

Bientôt après, à la fin du mois, pendant son voyage à Londres elle écrit les lignes suivantes :


« Chère Anne-Charlotte,

« Je suis à Hambourg, où j’attends le train qui doit m’emmener dans une demi-heure à Flessingue pour aller de là à Londres. Tu n’as pas idée de la jouis-