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Page:Souvenirs d'enfance de Sophie Kovalewsky.djvu/334

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XIV

LA FLAMME VACILLE


Peu de jours après, je reçus quelques lignes de Sophie ; le rayon de joie dont la flamme avait monté si haut et pour la remplir d’espérances si orageuses, s’éteignait déjà. Je n’ai pas cette lettre, mais je me rappelle son contenu :

« Je vois que lui et moi ne pourrons jamais nous comprendre complètement. Je retourne à Stockholm et à mon travail. C’est dans le travail que je chercherai désormais ma seule consolation. »

Et ce fut tout. Sauf quelques paroles chaleureuses pour me féliciter à l’occasion de mon mariage, au mois de mai, je ne reçus plus de lettres de Sophie. Elle souffrait, et ne voulait pas me montrer sa souffrance, à moi qu’elle savait heureuse. Écrire des choses banales ne lui fut jamais possible, elle se tut ; mais ce silence, après notre vie des derniers temps, si pleine d’intimité et de confiance, me blessa et