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Page:Souvenirs d'enfance de Sophie Kovalewsky.djvu/339

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XV

LA FIN


Je vis Sophie pour la dernière fois dans les derniers jours de décembre de cette même année 1890 ; elle était venue à Djursholm nous dire adieu avant de partir pour Nice.

Rien ne nous avertit que ce fût le dernier adieu. Nous fîmes le projet de nous rencontrer à Gênes, où mon mari et moi devions nous rendre aussitôt après Noël, et nous prîmes assez légèrement congé l’une de l’autre. Une erreur de télégramme empêcha cette réunion. Pendant que Sophie et son compagnon de voyage nous attendaient à Gênes, nous traversions cette ville sans savoir qu’ils s’y trouvaient. Le jour de l’an, que nous espérions passer ensemble, fut employé par elle et son ami à visiter le Campo Santo de Gênes. Là un nuage passa tout à coup sur son front, et elle dit avec un soudain pressentiment : « L’un de nous ne passera pas l’année, car nous voilà dans un cimetière, le jour de l’an ».