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Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/158

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Pourtant, c’est la misère où je le vois réduit ;
Et puisque notre amour veut que je sois pour lui
Sans bonté, sans douceur, même sans amitié,
N’exige pas du moins que je sois sans pitié !

PIERRE

Oh, je n’exige rien ! Mais je défends ta vie,
Car c’est à ta pitié que tu la sacrifies !
Notre amour est trop vrai, trop jeune, trop fervent,
Pour languir dans ta ville où plus rien n’est vivant,
Et le crime aujourd’hui c’est d’étouffer sa flamme,
Sous l’ombre de la Flandre et la ruine de Damme !

GERTRUDE

Écoute…

PIERRE, se levant,

Écoute… Ah, si la vie était possible ici,
Je te dirais : « Mentons encore, et restons-y ! »
Mais tu sais ce qu’on voit quand on ouvre ta porte !
Bruges se meurt ! L’Écluse est morte ! Damme est morte !
Dans toutes vos cités les ruines s’amoncellent ;
Et rester vivre ici, c’est mourir avec elles !

GERTRUDE

Pierre…

PIERRE, avec une force contenue,

Pierre… À chacun son temps ! Pendant combien d’années