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Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/159

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Ont-ils tenu la mer dans leurs mains fortunées !
Ils étaient les plus forts ; c’était juste ; mais l’âge
A lentement vaincu leur force et leur courage,
Et de plus jeunes qu’eux, courageux et robustes,
Sont venus, qui l’ont prise à leur tour, et c’est juste !
Aussi, ne pleurons pas leur vieillesse chenue ;
La vie ? Elle est là-bas, chez moi, qui continue !

GERTRUDE

Pierre…

PIERRE, plus pressant,

Pierre… Et toi, comme si ce n’était point assez
D’avoir perdu pour lui, déjà, tout ton passé,
Vas-tu, dans le silence et l’ombre de sa ville,
Traîner tes dernières jours d’existence stérile,
Et, pour mieux t’acquitter de ce que tu lui dois,
Perdre encor l’avenir que tu portes en toi ?

GERTRUDE

L’avenir ?…

PIERRE

L’avenir ?… Crois-tu donc qu’en partant, je ne songe
Qu’au plaisir moins troublé d’un amour sans mensonge ?
Non ! Cet amour s’exalte à l’espoir émouvant
De vivre encore, après ma mort, dans notre enfant ;
Et c’est du même espoir que ton être frissonne,