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Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/120

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JEAN

Ah ! tu m’aimais assez, m’as-tu dit, pour me suivre,
Le jour où j’ai quitté ce pays étranger ;
Tu vois donc bien que c’est ton cœur qui a changé !
Tu répétais : « Partons ; quand tu veux ; je suis prête ;
Je ne regrette rien ! »

POMONA

Je ne regrette rien ! » Ce fut un coup de tête !
J’ignorais qu’un amour, quelque profond qu’il soit,
Ne fait pas oublier le bonheur de chez soi !

JEAN (brusquement)

Eh bien, je ne t’oppose aucun refus formel ;
Veux-tu venir à Thiel, à Nimègue, à Bommel,
À Rotterdam, où tu voudras ? Car au besoin,
Nous pouvons bien aller autre part, pas trop loin
De mes parents ; quitter la maison ?

POMONA

De mes parents ; quitter la maison ? Non !

JEAN

De mes parents ; quitter la maison ? Non ! La ville ?…

POMONA

Non !

JEAN

Non ! Mais alors c’est moi, Pomona, qui m’exile !