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Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/121

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POMONA

Est-ce donc s’exiler que d’aller vers son rêve…
Et du côté du ciel où le soleil se lève ?

JEAN

Ah ! quel que soit l’éclat tentant de l’horizon,
Crois-moi, l’exil commence au seuil de la maison !
J’admire encor votre art ; je n’ai pas oublié
Comme il ravit mon cœur et l’a multiplié ;
Et s’il n’est pas douteux que rien ne fut plus sage
Que d’en faire un pénible et long apprentissage,
Je suis certain pourtant que ma force, aujourd’hui,
C’est d’être revenu chez nous, mais avec lui !
Il est en moi ! C’est un flambeau que je rapporte ;
Il m’éclaire…

POMONA

Il m’éclaire… Et demain sa flamme sera morte !
Et ce sera la nuit ! Tout ce que je déteste :
Un petit art, de petits mots, de petits gestes,
Une existence dont le calme t’acoquine…

JEAN

Eh ! plains-toi ! Tu en connaissais de plus mesquine !

POMONA

Ah ! je voulais savoir, et tu m’as répondu !
Oui, c’est de revenir chez toi qui t’a perdu !