Aller au contenu

Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je vois ce qu’il te faut : Le bien-être tranquille
Dans le dorlotement béat de ta famille…

JEAN

Mais ne comprends-tu pas…

POMONA

Mais ne comprends-tu pas… Non ! tu me désespérées !
Notre vie eût été si belle ! Et tu la perds !
Tu la veux terre à terre, et, craignant que son vol
Ne nous emporte éperdument trop loin du sol
Où la médiocrité de ton rêve t’attache,
On dirait que tes mains cruelles lui arrachent,
Gardant pour cet effort leur vaillance et leur zèle,
Une à une, toutes les plumes de ses ailes !
Eh bien, soit ! Reste si tu veux ! Je m’en irai !

{{personnaged|JEAN|c|(péniblement)

Tu m’as blessé tantôt, mon cœur est déchiré,
Et voici qu’il te plaît d’agrandir ma blessure !
Nous nous aimions pourtant !

POMONA

Nous nous aimions pourtant ! Non ; je n’en suis pas sûre !
Nous l’avons cru, tous deux ; nous nous sommes souri,
Nous nous sommes donnés, nous avons eu des cris
D’amour qui nous trompaient si bien dans notre fièvre,
Que nos cœurs nous semblaient unis comme nos lèvres !