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Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/169

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Que mon œuvre en serait le beau portrait vivant !
Ah ! l’on n’y verrait pas Jupiter enlevant
Europe, sur la mer, au clair éveil du jour ;
Mais j’y mettrais du moins tant de soin, tant d’amour,
Que devant cet aveu de ma tendresse émue,
On sentirait toute son âme qui remue…
Au doux plaisir de voir mêlant ma rêverie,

Je vais m’asseoir dans la prairie,
Parmi les fleurs et l’herbe grasse ;
Je place là mon chevalet,
Devant le tableau qui me plaît
Par sa grandeur ou par sa grâce.

Je regarde attentivement
Les champs de seigle et de froment,
Les saules gris, les ormes verts,
Le ciel, les plantes et les bêtes,
Et tout ce que mes yeux reflètent
Depuis que Dieu les a ouverts.

Puis, je peins, doucement ravie,
Comme si je peignais ma vie
Au milieu du bel horizon,
Car je mêle à l’œuvre ainsi faite,
L’émotion la plus secrète
De mon bonheur à la maison…

S’adressant à Jean plus directement.