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Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/170

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Oui, je songe à celui qui choisirait pour tâche
De nous faire éprouver la beauté qui s’attache
Aux décors de chez nous, reflétés fervemment
Par le miroir pensif de ses beaux yeux flamands !
S’il peignait, librement dans sa sollicitude,
Ce monde dont notre âme a la douce habitude,
Quand il nous l’offrirait dans son œuvre achevée,
Belle d’être réelle et non d’être rêvée,
Peux-tu croire qu’un seul parmi ceux qui l’entourent,
Ne lui sourirait pas d’un sourire d’amour ?
Ayant touché nos cœurs, exalté nos esprits,
Penses-tu qu’il vivrait solitaire, incompris ?
Que personne, aux instants où sa force est rebelle,
Ne lui dirait : J’ai foi dans ton œuvre ; elle est belle !
Et que pour reposer son front découragé,
Il devrait s’endormir contre un cœur étranger ?

S’animant et lui montrant la campagne ensoleillée.

Ah ! regarde ! Aussi beau qu’un tableau de légende
Ou d’histoire, ce vaste horizon de Hollande,
Avec son fleuve lent, ses moulins dans les branches,
Et leurs ailes en croix sur le ciel du dimanche !
Regarde le canal où se mire en tremblant
Le voyage éternel des beaux nuages blancs !
Ô ! décor de sa vie, embrasé de soleil,
Soyez son bel exemple après son bon conseil !
Dites-lui que l’on peut faire une œuvre immortelle
En aimant son pays, en lui restant fidèle,