Aller au contenu

Page:Spenlé - Novalis.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
94
NOVALIS

en découvre le mécanisme rudimentaire. « Ce n’est pas une altération de la sensibilité », observe l’auteur cité, « c’est une attitude particulière de l’esprit, la concentration de l’attention sur un point unique. Il résulte de cet état de concentration que l’esprit devient distrait pour le reste et en quelque sorte insensible, ce qui ouvre la carrière aux actions automatiques, et ces actions, en se compliquant, peuvent prendre un caractère psychique. » Dans cette concentration violente de l’attention sur une image ou une idée passionnelles et dans les activités psychiques anormales qui souvent accompagnent un pareil état, les théosophes et les occultistes de tous les temps ont cherché une source nouvelle d’intuitions et de facultés magiques. « Dans l’état normal de polyidéisme », écrit un occultiste contemporain, « d’où nous ne sortons presque jamais, nous ne disposons que des facultés dont nous avons conscience ; dans l’état de monoïdéisme nous attirons à nous les facultés de l’inconscient, c’est-à-dire du principe animique, et précisément celles qui sont appropriées à la réalisation de la pensée monoïdéique. Ce n’est pas la conscience, mais bien l’Âme qui est douée de la faculté d’organiser, de connaître intuitivement, de voir et d’agir à distance, et lorsque le monoïdéisme pénètre jusqu’à cette sphère animique, il nous entr’ouvre tout le trésor des facultés transcendantales, qui de plus en plus dans notre évolution biologique viendront s’adjoindre à la vie consciente ; et il anticipe même cette évolution. Si par l’emploi d’un pareil levier moral les facultés susdites peuvent, dans la sphère de la vie individuelle, émerger dans la psychologie du Conscient, il n’est plus guère permis de révoquer en doute la possibilité d’une psychologie expérimentale de la magie. Elle ne dépend que d’une seule condition : c’est que nous puissions nous rendre arbitrairement monoïdéiques. »[1]

Telle est aussi la pensée ou, plus exactement, l’expérience psychologique qui inspire toute la fin du premier

  1. Du Prel. — Die Magie als Naturwissenschaft, Tome II : Die magische Psychologie, Iéna, 1899, p. 176.