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Page:Spenlé - Novalis.djvu/128

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NOVALIS

de lui-même, par une intuition géniale, et à affirmer résolument les certitudes les plus immédiates et les plus essentielles. « Le phénomène le plus merveilleux, d’une éternelle actualité, » ainsi Novalis commentait le point de départ de l’idéalisme nouveau, « c’est notre propre existence. L’homme est à lui-même le plus grand des mystères. La solution de ce problème infini, dans le monde de l’activité, constitue l’histoire universelle. L’histoire de la philosophie ou de la science en général, l’histoire de la littérature comprise comme une substance, renferment des essais de solution idéale de ce problème idéal, — de cette Idée qui se pense. — Ce stimulant ne saurait perdre son attrait, sans que nous-mêmes nous ne cessions d’exister, en fait aussi bien qu’en idée. »[1]

La première « affirmation » positive que Fichte apportait aux romantiques, ou tout au moins qu’ils crurent y découvrir, c’est qu’il y a dans l’homme un démiurge. Cette exaltation du moi, cette conception non seulement anthropocentrique, mais « égo-centrique » de l’univers était à leurs yeux la conséquence forcée de la méthode intuitionniste qu’il avait inaugurée en philosophie. Sur tous les tons Novalis célèbre cette « révolution » prodigieuse, dont les suites, dit-il. seront incalculables pour l’histoire de l’humanité. Fichte a été « le Copernic » ou « le Newton » de la philosophie. Ce n’est plus désormais le moi qui gravite autour du monde, mais le monde qui gravite autour du moi ou plus exactement, le moi possède le pouvoir merveilleux de s’élever à tout instant au-dessus du monde dans une sphère surnaturelle, où ne peut l’atteindre aucune puissance étrangère, où il se possède et se contemple lui-même avec tous les attributs de la divinité créatrice. « Nous cherchons un plan au monde : le plan c’est nous-mêmes. » Que sommes-nous ? « Des points personnifiés, des points tout-puissants. »[2] Schelling, le continuateur philosophique de Fichte, tenait à

  1. N. S. II, 1 p 66-67.
  2. N. S. II,1 p. 299.