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Page:Spenlé - Novalis.djvu/254

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NOVALIS

jets d’élite, habitaient corporellement en chacun d’eux. En l’an 1804, pensait-on, le monde entier serait converti à la poésie, à la métaphysique, à la critique nouvelles, et aussi à une physique et à une médecine nouvelles qui, sur les ailes des précédentes, allaient prendre leur essor. » Schelling, de son côté, raillait les néo-mystiques au sujet de leurs espérances messianiques. « Ils parlent de leur religion comme d’une femme qu’il n’est permis de voir qu’à travers des voiles,[1] afin que ne s’éveille pas une charnelle concupiscence. Ils font des nuages avec les mots, ressentent en eux des forces supérieures, se croient engrossés dans tous leurs membres. Ils se disent élus, de par leur propre décret, pour ramener les peuples, les grands comme les petits, ceux que n’a pas régénérés le nouveau Messie, dans le bercail, où ils cesseront de se quereller, pousseront de pieux bêlements, — et autres sornettes qu’ils débitent prophétiquement. »[2]

Ces lignes annoncent des aspirations nouvelles et encore confuses. Elles ouvrent un nouveau chapitre dans l’histoire et dans la psychologie de l’idéalisme romantique en Allemagne.


  1. Allusion sans doute au calembour que Novalis fait dans son « Europa » sur le nom du théologien Schleiermacher (« faiseur de voiles »).
  2. Voir « Epikureisch Glaubensbekenntniss Heinz Widerporstens » dans Plitt. Aus Schellings Leben. op. cit., I, p. 288.