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Page:Spenlé - Novalis.djvu/288

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NOVALIS

le protestantisme, plus rigide dans sa doctrine morale, les rejetait généralement comme des éléments dissidents. Il serait à peu près impossible de tracer la carte complète de l’Allemagne religieuse à la fin du 18eme siècle, avec ses innombrables sectes et chapelles séparatistes, — baptistes anabaptistes, quakers, méthodistes, swedenborgiens, moldaves, mystiques indépendants, théosophes, inspirés, bœhmistes, gichteliens et autres encore, Cependant différentes tentatives avaient été faites en vue de grouper ces éléments anarchiques.

Une des plus remarquables fut assurément celle de Zinzendorf lui-même. Sa prétention, ouvertement affichée, était de constituer une « communauté » apostolique, qui engloberait à la fois le luthéranisme, le catholicisme romain et les mystiques indépendants. Lui-même, quoique luthérien, s’était fait donner l’ordination d’évêque morave par un évêque de ce rite et ainsi les deux traditions venaient se rejoindre en sa personne. Par diverses légendes il s’efforçait de rattacher directement la communauté morave aux origines apostoliques du christianisme. D’autre part il entama des négociations très actives avec les dissidents de tout bord, avec les « inspirés » du pasteur Rock à Marienborn, avec les théosophes disciples de Bœhnie, de Dippel ou de Gichtel. Particulièrement avec Dippel, sorte de prophète illuminé du christianisme laïque, moitié mystique et moitié rationaliste, il entama une longue et mémorable controverse. D’autre part, pendant son séjour à Paris, il avait beaucoup fréquenté dans les milieux jansénistes ; s’était lié d’amitié avec le cardinal de Noailles et espérait, par ce biais, prendre pied aussi dans le catholicisme. Cette pensée lui avait inspiré un petit recueil de prières et de cantiques à l’usage des chrétiens catholiques, pour lequel il pensa solliciter l’approbation du pape Benoît XIII. Des raisons protocolaires seules l’empêchèrent de donner suite à cette démarche, l’auteur n’ayant pu se résoudre à écrire tous les titres exigés par l’étiquette romaine. — Il rêvait de remplacer les anciennes