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Page:Spenlé - Novalis.djvu/408

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NOVALIS DEVANT LA CRITIQUE

thie pour Novalis. « Je ne puis me faire à cette frivolité intellectuelle — écrivait-il — qui consiste à venir flairer tous les objets, sans en pénétrer aucun. » (Plitt, Aus Schelling’s Leben, 1864, I, pp. 431-432) et on sait que son « Heinz Widerporst » visait tout particulièrement Novalis. Cependant la plupart des « schellingiens » adoptèrent ce dernier comme un des précurseurs géniaux de la « Naturphilosophie ». Dans un article intitulé « Novalis ein Naturdichter » et publié en 1829 dans l’« Isis », journal fondé par le naturaliste Oken, un professeur de la faculté de médecine de Gœttingen, Th. Brück, consacrait quelques colonnes au jeune poète physicien. Il développait à ce sujet l’idée fondamentale de la philosophie romantique de la Nature. L’homme, disait-il, saisit la nature soit par les sens et l’intelligence, c’est-à-dire par la science, — soit par le sentiment et l’imagination, c’est-à-dire par la poésie. Ces deux facultés, autrefois séparées, doivent se joindre et se combiner dans la philosophie nouvelle de la Nature et il citait comme précurseurs de cette dernière Buffon en France, Gœthe et Novalis en Allemagne (v. « Isis » — Leipzig, 1829, XXII, p. 1 s.). — Solger, dont les théories esthétiques se rencontrent souvent avec les pensées de Novalis sur l’art, croyait trouver dans le roman Henri d’Ofterdingen une véritable « théophanie », un mythe moderne, « qui ne se distingue des autres mythes que parce qu’il a pris corps, non dans l’âme collective d’un peuple, mais dans celle d’un individu isolé » (Solgers Nachgelassene Schriften und Briefwechsel, 1826, I, p. 95).

Si chez Solger et Schelling la pensée philosophique allemande reste encore emprisonnée dans l’idéal romantique, on la voit chez Hegel tenter un premier effort pour se frayer une issue vers des horizons nouveaux. Dans ses Cours d’esthétique, professés à Heidelberg d’abord, en 1818, et plus tard à Berlin, Hegel instruit le procès du romantisme, qu’il considère comme une forme historique définitivement dépassée et qui doit céder la place à une synthèse nouvelle.