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Page:Spenlé - Novalis.djvu/415

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LES COURANTS D’OPINION

néant des idées du 18me siècle au moment de leur plus éclatant triomphe et celui plus grand encore de ne pas désespérer du salut du monde et de découvrir ce salut dans le retour à l’unité catholique » (Montalembert, Œuvres complètes, Paris, 1861, VI, p. 387 ss.).

En Allemagne c’est dans l’Histoire de la Littérature poétique allemande d’Eichendorff que nous trouverons l’exposé le plus complet de la nouvelle opinion publique catholique et romantique. Cet ouvrage publié en 1861, n’est que le remaniement d’une étude plus ancienne, parue en 1847, et intitulée « Ueber die ethische and religiœse Bedeutung der neueren romantischen Poesie in Deutschland ». Le christianisme, selon cet auteur, a marqué d’une empreinte profonde et indélébile la vie morale de l’Allemagne ; il est devenu comme la seconde nature de la race germanique. Il représente donc la véritable tradition nationale. La Réforme, une première fois, a rompu cette tradition séculaire, elle a brisé « le fil d’or qui, au cours des siècles, avait rattaché entre elles les générations successives » : par un acte arbitraire et violent elle a voulu faire recommencer toute l’histoire à une date précise. Mais elle est restée frappée de stérilité poétique. Elle a appauvri le sentiment religieux, en éliminant tous les éléments légendaires, populaires et poétiques et en ne laissant subsister qu’un dogme moral et abstrait, elle a dévoyé le sentiment national, car la culture moderne, issue de l’éducation protestante, a dû chercher dans une renaissance artificielle du paganisme antique les éléments artistiques que la vie religieuse populaire ne lui présentait plus. Le romantisme allemand a été une première protestation contre ce paganisme artificiel, auquel avaient sacrifié les grands poètes classiques, les Goethe et les Schiller ; il a cherché de nouveau dans l’antique foi chrétienne des sources vraiment populaires d’inspiration. Mais ce mouvement de rénovation a été incomplet, parce qu’il est resté cantonné dans un domaine purement artistique. Les premiers romantiques n’ont pas vu que, pour être vraiment du-