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Page:Spenlé - Novalis.djvu/428

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NOVALIS DEVANT LA CRITIQUE

rectement de l’école romantique. Cependant on a tort de confondre purement et simplement ces deux termes de romantique et de réactionnaire. Jadis c’était l’usage de ne parler du romantisme qu’incidemment et en passant. On le considérait comme une plante parasite et méprisable, comme une mauvaise herbe poussée dans le parterre de la littérature, à côté de Schiller et de Gœthe. À présent tout est changé. De jour en jour on voit s’accroître le nombre des publications sur cette matière. Mais ces publications alimentent la polémique du jour plutôt qu’elles n’enrichissent l’histoire littéraire. Elles sont écrites non pas d’un point de vue historique et objectif, mais avec des arrière-pensées tendancieuses. Les auteurs ne laissent pas cette école naître librement à son heure, ils ne la suivent pas, avec le regard calme de l’observateur, dans sa lente évolution ; ils nous présentent d’elle une image, tendancieusement déformée par les préoccupations de l’heure présente. Avec un superbe mépris de la chronologie ils transportent cette image aux origines mêmes de l’école, sans se préoccuper de savoir s’il ne se rencontre pas là des conceptions et des intentions exactement contraires » (Hettner. Die romantische Schule in ihrem Zusammenhang mit Gœthe und Schiller. — Braunschweig, 1850, p. 3 s.).

Hettner lui-même s’efforcait de se conformer à ce programme. Mais en dépit de ses louables intentions, il s’appuyait sur une documentation insuffisante. Déjà Koberstein (Geschichte der deutschen Nationallitteratur, 1827. — 5te Aufl. von Karl Bartsch, 1873) faisait sortir le romantisme des cercles littéraires de Berlin, particulièrement des salons juifs, et méconnaissait ainsi tous les éléments nationaux, populaires ou religieux qui s’y trouvaient intimement mêlés (op. cit. 5te Aufl. IV, p. 552). Hettner de même ne voit dans le romantisme qu’une formule d’art, une « altitude » mondaine. « Pour l’activité proprement poétique de l’école, particulièrement pour les formes littéraires qu’elle a créées, cette influence (de la philosophie) est d’une