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Page:Spenlé - Novalis.djvu/434

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NOVALIS DEVANT LA CRITIQUE

réels progrès accomplis : « Les théologiens de l’Aufklærung » avaient profondément méconnu les droits historiques des différents âges, des différents peuples et des différents caractères, ils avaient fait de leur époque la mesure de toutes choses et la moitié des grandes figures historiques auraient été, d’après eux, mûres pour le cabanon… Si on fait abstraction de quelques précurseurs illustres on peut dire : c’est depuis le romamisme qu’il y a une théologie à la fois critique et compréhensive. Des hommes tels que Schleiermacher, de Wette, Hase et aussi les « schellingiens » Daub et Marheineke ont frayé la voie à une théologie de bon ton (geschmackvolle Theologie), formée à l’école de la psychologie et de l’art, capable de tirer parti de tous les éléments de culture et de se montrer à la fois respectueuse et critique. Mais ces esprits doivent une bonne part de leur culture à l’école romantique » (op. cit. p. 335 et p. 336).

Non moins sympathique dans son ensemble est le jugement porté sur le romantisme par l’historien Treitschke. Il ne méconnaît pas les éléments morbides qui se sont trouvés mêlés à cette effervescence littéraire, — l’hypertrophie vaniteuse du moi, les singularisations pathologiques, la recherche de ce qui est rare, curieux, de l’originalité à tout prix, le dilettantisme hypercritique, la confusion des styles. Mais à côté de ce romantisme un peu morbide il y a eu un romantisme sain et fécond. C’est avec lui qu’est né le sens historique. « Les idées et les intuitions des romantiques dans le domaine de la philosophie de l’histoire ont directement produit les conceptions historiques et politiques de Niebuhr et de Savigny ». Après s’étre affiné dans l’étude des civilisations étrangères, lointaines ou disparues, ce sens historique s’est tourné vers le passé national allemand. Et puis surtout le romantisme a préparé une renaissance de l’idéalisme religieux, qui à son tour a frayé la voie à l’idée nationale moderne. Tel est le sens caché par où s’interprètent, d’après Treitschke, les « Reden » de Schleiermacher et