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Page:Spenlé - Novalis.djvu/433

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LES COURANTS D’OPINION

C’est cette « tradition historique commune » qu’après le grand fait de la fondation de l’Empire allemand on s’est efforcé de constituer sur tous les domaines intellectuels et moraux : philosophie, religion, sciences historiques, littérature. À présent que tous les conflits d’idées semblaient devoir s’apaiser dans un enthousiasme national commun, rien ne s’opposait plus à une appréciation équitable et même sympathique du passé. Même les théologiens luthériens, auprès de qui le romantisme jouissait jusqu’alors d’un médiocre crédit, surmontèrent leurs antipathies. Dans une étude sur les « Reden » de Schleiermacher M. Alb. Ritschl constatait l’influence profonde qu’avaient eue sur les théologiens romantiques les aspirations artistiques du temps, et en même temps il notait que de cette interprétation profonde du sentiment religieux et du sentiment artistique par le romantisme date, à vrai dire, toute la renaissance des sciences théologiques au 19me siècle (Schleiermachers Reden über die Religion und ihre Nachwirkung auf die evangelische Kirche Deutschlands, Bonn, 1874). Une pensée analogue a inspiré un article plus récent de M. Friedr. Nitzsch « Die romantische Schule und ihre Einwirkung auf die Wissenschaften, namentlich die Théologie », article paru en 1894 dans les « Preussische Jahrbücher » (LXXV, p. 321 et suiv.). « Sous l’influence du romantisme, la théologie est entrée dans une direction tout-à-fait différente, qui partiellement fut un recul, mais qui pour une grande part aussi peut s’appeler un énorme progrès. » (Op. cit. p. 331). Le recul, on le devine, ce sont les sympathies artistiques pour le catholicisme et l’importance trop grande donnée aux besoins imaginatifs et esthétiques dans la vie religieuse. « Nous trouvons plus qu’une sympathie artistique pour le catholicisme dans la dissertation de Novalis sur la Chrétienté. Car ici la Réformation se trouve condamnée comme entreprise sacrilège contre l’unité de l’Église et par contre le catholicisme médiéval avec son fanatisme est porté aux nues » (p. 324 s.). Mais ces défectuosités ne doivent pas empêcher de voir les grands et