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Page:Spenlé - Novalis.djvu/437

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LES COURANTS D’OPINION

« prophète » Novalis et il déclarait, pour sa part, préférer l’ancien. « Et en effet, en Novalis j’ai retrouvé tout Nietzsche, mais un Nietzsche qui a su concilier toutes les contradictions en une calme et sereine mélancolie » (Grenzboten, 1898. IV, p. III). Quant à la Renaissance romantique, elle restera, d’après l’auteur, un produit purement artificiel. Des causes pour ainsi dire chronologiques ont surtout contribué à la produire. Le retour, à un siècle d’intervalle, des anniversaires du romantisme a déterminé en faveur de celui-ci une disposition festivale particulière — « eine Jubilæumsstimmung ». Mais c’est là un intérêt factice. Les auteurs de cette génération littéraire n’ont jamais été vraiment populaires. « Il n’y a pas chez eux un Tout bien organisé, directement assimilable, sans connaissances historiques préalables. Il nous faut exhumer, au milieu d’une masse inerte, les quelques parcelles de beauté, qui ont conservé quelque harmonie et quelque vie ; pour faire revivre, le reste une initiation est nécessaire, qui manque à la plupart… Pour comprendre encore ces auteurs il faudrait se replacer dans leur époque : aucune de leurs œuvres n’est devenue populaire » (Grenzboten, 1991. I, p. 563).

Quoi qu’il en soit de ces pronostics, incontestablement cette orientation nouvelle de la littérature, alors même qu’elle semble affecter un caractère essentiellement « ésotérique » et aristocratique, a cependant contribué à approfondir la connaissance du premier romantisme et particulièrement de Novalis. Outre les études de détail — qu’on trouvera mentionnées plus loin, à propos des problèmes soulevés par l’œuvre du poète on rencontre des publications d’un intérêt général. En 1898 paraît une édition nouvelle des écrits de Novalis et l’éditeur, M. Meissner, dans son Avant-propos en explique ainsi l’opportunité : « La critique artistique n’a pas dit son dernier mot sur notre auteur et des indices toujours plus nombreux annoncent que l’intérêt qui s’y rattache va croissant aujourd’hui. Une jeune génération littéraire tourne de nouveau ses regards avec piété vers les ro-