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Page:Spenlé - Novalis.djvu/460

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NOVALIS DEVANT LA CRITIQUE

présenter un Novalis entièrement sain. Incontestablement des symptômes pathologiques apparaissent dans le Journal et même dans les Hymnes à la Nuit, mais M. Haym ne croit pas que ces dispositions aient eu des racines profondes dans l’âme du poète. Ce qui le frappe au contraire chez ce dernier, c’est son optimisme foncier, qui ne l’abandonne jamais, même dans les plus douloureuses épreuves (Haym, Die romantische Schule, op. cit. p. 394). « Nulle trace chez lui de cette mélancolie solennelle, de cette tristesse morne et accablée dont souffrait, dans des régions voisines, l’esprit rêveur de Hœlderlin » (ibid. p. 398)… « Par Just nous savons combien Hardenberg savait mieux que Wackenroder ou Hœlderlin trouver un compromis entre les aspirations idéalistes d’une part et les exigences pratiques et professionnelles d’autre part… C’est ce qui l’a sauvé du naufrage qui attendait ces deux derniers » (ibid. p. 330)… « Pas un seul instant nous ne devons oublier que cet homme, avec ses brillantes facultés poétiques, se conduisait en même temps dans la réalité comme un esprit foncièrement sain, comme une intelligence puissante, animée du plus pur sentiment du devoir dans toutes les circonstances de la vie ordinaire » (ibid. p. 353). — Cependant, à quelques pages d’intervalle, voici qu’apparaît tout à coup, sans transition, un aspect tout opposé. « Une puissance aussi irrésistible que l’inflexible logique entretenait chez lui cet enthousiasme de la tombe ; la nature même avait imprimé à cet homme les stigmates de la mort précoce… Au-dedans de lui habitait déjà la mort, qu’il célébrait et qu’il redoutait à la fois, devant laquelle se révoltait instinctivement la joie de vivre de sa jeunesse ; — en lui habitaient les Esprits, avec qui il entretenait des rapports secrets ; — cette maladie qui lentement consume et spiritualise l’homme alimentait la flamme de son idéalisme et sa pensée vivrait avec la mort et la maladie sur un pied d’inquiétante familiarité » (op. cit. p. 361).

La biographie de Novalis entra dans une nouvelle période lorsqu’en 1873 un membre de la famille Hardenberg publia