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Page:Spenlé - Novalis.djvu/463

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LES PROBLÈMES

l’incohérence de la forme. Et puis les Hymnes à la Nuit contredisent la conception psychologique qu’il s’est faite du poète. On a trop reproduit, selon lui, le cliché traditionnel du jeune phtisique, mélancolique et mystique. Il s’agit de faire ressortir à présent l’aspect opposé. « Dans tout cela il y a bien un grain de vérité. Mais on a malheureusement voulu en faire toute la vérité. Et ainsi on ne saurait trop répéter le contraire : Novalis était un tempérament foncièrement gai, un jeune homme complètement sain (?), qui s’est battu en duel comme étudiant, qui a conté fleurette à toutes les filles, et qui prisait par dessus tout la vie joyeuse. Ce n’était pas un poète tragique du tout. Son genre c’est la grâce espiègle et une certaine familiarité souriante » (op. cit. p. 38). Nous allons donc nous trouver en présence d’un anacréontique, à la manière de Gleim, chantant sur tous les tons le vin et l’amour ? Nullement. L’œuvre qui, d’après M. Busse, exprime le plus parfaitement le lyrisme particulier de Novalis ce sont les Hymnes spirituelles, particulièrement les hymnes à Jésus. Il y a là pour le moins un paradoxe. C’est qu’il s’agissait avant tout de « reconquérir » Novalis pour l’opinion publique protestante, de le laver de tous les soupçons, soit de catholicisme soit de mysticisme, qu’ont fait planer sur lui ses relations avec les romantiques d’Iéna ; il s’agissait, par lui, de faire indirectement la leçon au premier romantisme et de lui apprendre ce qu’il aurait pu et dû être. « Les Hymnes spirituelles de Novalis n’appartiennent plus à l’école romantique telle qu’elle a été en réalité, mais elles réalisent, à un point de vue particulier, l’idéal du romantisme tel qu’il aurait dû être, ou tout au moins un des aspects de l’idéal que l’école romantique avait reçu la mission de réaliser » (op. cit. p. 47).

Ainsi dans la « Nachlese », dans les études de M. Schubart et de M. Busse la conversion religieuse, comme une sorte de « deus ex machina », aplanit miraculeusement toutes les difficultés. À son tour Mme Ricarda Huch voit dans les dispositions maladives qui ont inspiré le Journal de Novalis