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Page:Spenlé - Novalis.djvu/462

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NOVALIS DEVANT LA CRITIQUE

M. Schubart (Schubart, Novalis’Leben, Dichten und Denken, Gütersloh, 1887). L’auteur prenant au pied de la lettre le passage où Novalis affirmait à Just que la littérature n’était pour lui qu’une chose accessoire, — est avant tout préoccupé de décerner à son héros un brevet de bonne vie et mœurs, de capacité professionnelle, de loyalisme monarchique et d’orthodoxie religieuse, et pour cela de montrer qu’il ne partagea aucun des écarts de conduite ou de pensée, qui ont discrédité la plupart de ses compagnons littéraires. « Il apparaît clairement — lisons-nous déjà dans l’introduction de cette étude — que Novalis occupe en face de l’école romantique telle que nous l’avons définie, une position tout-à-fait à part ; car tout ce que nous savons de sa vie trop tôt brisée est empreint d’une pureté et d’une innocence charmantes, et d’autre part un trait frappant de sa personnalité poétique tout entière, c’est que nous n’y trouvons rien de cette subjectivité arbitraire, capricieuse, ironique, qui caractérise toutes les grandes productions du romantisme » (op. cit. p. 5.). À quoi est due cette position « tout-à fait à part » ? M. Schubart répond, avec la « Nachlese », qu’elle tient à la conversion religieuse du poète, dont les Hymnes à la Nuit nous apportent le témoignage encore confus et qui s’affirma complète dans les Hymnes spirituelles de l’année 1799. « Jésus l’a choisi de préférence à beaucoup d’autres, dans ce siècle d’impiété : c’est ce que je me suis proposé de prouver dans ce livre » (op. cit. p. 193).

Ce sont des préoccupations apologétiques analogues, plus ou moins conscientes, qu’on retrouverait dans l’étude de M. Busse sur les poésies lyriques de Novalis (Novalis’ Lyrik, Oppeln, 1898). Déjà le titre est significatif. M. Busse ne se soucie pas d’étudier son auteur complètement. La philosophie de Novalis ne l’intéresse guère. Il l’expédie en quelques formules dédaigneuses. Il reste donc le poète. Ici encore M. Busse a fait son choix. Il n’aime pas les Hymnes à la Nuit. Il est choqué par l’obscurité de la pensée et