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Page:Spenlé - Novalis.djvu/467

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LES PROBLÈMES

chemin, comme un voyageur qui voit son but et sait où le trouver. Rien ne le détourne de lui-même, aucune fausse exigence, qu’il ne se soit lui-même imposée, aucune souffrance humaine, qu’il n’ait su résoudre en harmonie » (op. cit. p. 24). Telle est aussi, à peu près, la conclusion de M. Heilborn. « Une chose, il la possédait par-dessus toutes : le courage de sa personnalité… Je ne sache personne qui, si jeune, ait possédé à un plus haut degré le courage de sa personnalité » (Novalis der Romantiker, op. cit. p. 199 s).

À ce Novalis plein d’entrain, d’activité, de courage, type de l’égoïste supérieur, d’autres critiques continuent à opposer, non sans raison, un Novalis mystique, malade, décadent. On a vu que Dilthey et Haym eux-mêmes n’avaient pu s’empêcher de noter cet aspect pathologique du poète. Dans une étude sur Zacharias Werncr, M. Poppenberg signale quelques traits de ressemblance entre les deux mystiques romantiques. Particulièrement il trouve chez Novalis cette conception érotique de la mort — Todeserotik — qui prit chez Zach. Werner un caractère si nettement pathologique (Felix Poppenberg. — Zach. Werner, Berlin, 1893, p. 53). « Novalis — dit-il — a réellement porté la couronne d’épines de la douleur et par là ses traits nous paraissent ennoblis. Il célèbre les orgies de la mort, mais avec le désir sincère d’abolir en lui la volonté de vivre » (ibid. p. 58). — Dans une Introduction à une anthologie des poètes romantiques M. Jacobowski a rapidement esquissé la « psychologie », ou plus exactement la « pathologie » du lyrisme romantique (Die Psychologie der romantischen Lyrik, voir : die Blaue Blume, Leipzig, 1900). Moins préoccupé de donner une analyse approfondie des individualités que d’esquisser un certain « type » littéraire très général, il oppose au « réaliste » optimiste et sain, le « romantique » pessimiste et décadent. Le premier, dit-il, réagit contre la souffrance. Les sentiments chez lui sont francs, complets, énergiques. Il sait trouver l’art dans la vie même, parce qu’il sent celle-ci bouillonner en lui, riche et puissante. Le ro-