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Page:Spenlé - Novalis.djvu/477

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LES PROBLÈMES

terre et sur la France du 18e siècle et qui de là s’était repandue jusque dans notre pays » (Novalis’ Leben, Dichten und Denken, op. cit. p. 224).

Cette réhabilitation n’a cependant pas encore rallié les suffrages de certains théologiens luthériens, qui ne peuvent pardonner à Novalis sa critique acerbe du luthéranisme. M. Pfleiderer dans sa « Geschichte der Religionsphilosophie von Spinoza bis auf die Gegenwart » (Berlin, 1893) ne sait trop ce qu’il faut penser de cet écrit. Il trouve une contradiction manifeste entre le début et la conclusion du pamphlet. Tout d’abord Novalis nous présente une apologie dithyrambique du catholicisme médiéval, du Jésuitisme, de la « foi du charbonnier », de l’obscurantisme même, « et quand son exposé historique l’amène enfin à la réaction des génies romantiques contre l’Aufklærung, voici qu’à l’improviste l’apologète du Moyen-âge et du Jésuitisme se métamorphose en un annonciateur non moins inspiré de toutes les aspirations idéales et philosophiques modernes » (op. cit. p. 264). Le pamphlet s’ouvre sur la glorification du catholicisme et se termine par un hymne en l’honneur de la philosophie moderne et des sciences de la nature ! Contradiction insoluble, déclare M. Pfleiderer, et qui ne s’explique que par « la naïveté et le manque de critique incroyables unglaublich naive Kritiklosigkeit — » (p. 262) de la plupart des romantiques.

Peut-être trouvons-nous la solution la plus approchée de ce problème dans l’ouvrage de Mme Ricarda Huch. « Combien peu les romantiques songeaient à une restauration effective du catholicisme — lisons-nous dans ce livre — on peut le voir par l’impression que produisit un petit écrit de Novalis, que sous le titre de « die Christenheit oder Europa » il voulut insérer dans l’Athenæum en l’an 1799 » (die Blüthezeit der Romantik, op. cit. p. 363). Ici manifestement Mme Huch, égarée par les affirmations de Tieck, est dans l’erreur : la plupart des romantiques accueillirent au contraire avec enthousiasme le Manifeste de Novalis. Mais ce