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Page:Spenlé - Novalis.djvu/478

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NOVALIS DEVANT LA CRITIQUE

qui est vrai, et ce que l’auteur a bien fait ressortir, c’est qu’il s’agissait d’un « nouveau » catholicisme et aussi, comme l’auteur le montre ailleurs, (voir le chapitre : die neue Religion, p. 188, p. 198, etc.) d’un catholicisme éclectique et théosophique, qui se rapproche beaucoup plus des doctrines occultistes et de la Magie, que des vieilles croyances religieuses et des enseignements de l’Église. — Il resterait il est vrai à définir exactement le rôle de l’élément spécifiquement « chrétien » dans cette religion nouvelle. C’est le problème que soulèvent les Hymnes à Jésus de Novalis et surtout l’appréciation exacte de la place qu’elles occupent dans l’ensemble de l’œuvre du poète.

3. Le christianisme des Hymnes à Jésus. — Les Hymnes à Jésus, avons-nous vu déjà, constituent le fond populaire de la réputation de Novalis. Elles sont maintenues dans la littérature courante, alors même que les autres œuvres paraissaient en partie oubliées ; elles ont, à tout le moins, trouvé un public beaucoup plus étendu que ces dernières. De là cette conséquence inévitable, c’est que Novalis a passé surtout pour l’auteur des Hymnes à Jésus et, comme le grand public ne s’intéressait que médiocrement aux autres parties de l’œuvre du poète, on en a conclu que lui-même n’y avait attaché qu’un intérêt secondaire ou purement formel. Cette manière de raisonner se retrouve au fond de toutes les tentatives de réhabilitation religieuse entreprises par la critique protestante. On se rappelle les « protestations » énergiques du théologien Rothe à ce propos. Pour quiconque « sait distinguer entra le fond et la forme » (?), écrivait-il, Novalis n’avait pas de sympathie réelle pour le catholicisme. Quant à son panthéisme, c’est un simple jeu d’esprit. « La spéculation philosophique et la vie du cœur suivaient chez Novalis des directions parallèles, sans jamais se porter préjudice l’une à l’autre. Quelqu’estime qu’il eût pour la philosophie, ce n’était point l’élément dans lequel il vivait » (Gesammelte Vortræge und Abhandlungen, op. cit. p. 78).