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Page:Spenlé - Novalis.djvu/490

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NOVALIS DEVANT LA CRITIQUE

vrir et d’expérimenter des puissances « magiques » nouvelles. Vis-à-vis des systèmes de Schelling et de Fichte il s’est nettement posé de plus en plus en empirique. Mais il s’agissait pour lui d’un empirisme supérieur, et c’est cet empirisme supérieur qui constituait pour lui le domaine de la Magie. « En adepte fervent, — écrit à ce sujet M. Heilborn — Novalis a pénétré dans les obscures régions de la magie… Dans l’ensemble de sa conception mystique du monde, la magie, c’est-à-dire l’art de transformer les pensées en actes, est un postulat nécessaire, un chaînon indispensable, sans lequel tout se disloquerait » (Novalis der Romantiker, op. cit. p. 154). C’est aussi ce qu’a pressenti Mme Ricarda Huch. « Par la simple théorie, et grâce à sa logique fougueuse, Novalis a défini ce que nous appelons aujourd’hui l’hypnotisme » (Blüthezeit der Romantik, op. cit. p. 115). Ce qui est inexact, dans ce passage, c’est que Novalis soit parvenu à ce résultat par la seule théorie. Sans doute l’idéalisme de Fichte lui a servi de point de départ spéculatif. Mais les découvertes nouvelles du galvanisme, formulées par le physicien Ritter, et les rêveries mystiques qu’avaient fait naître les expériences sur le magnétisme animal de Mesmer, sont des faits essentiels qu’il faut rétablir à l’origine de la philosophie de la nature romantique. Là est la « clé » qui nous permet non seulement d’interpréter beaucoup de fragments autrement indéchiffrables, mais aussi de mieux comprendre cette religion naturiste nouvelle, de laquelle le poète attendait une régénération universelle de l’humanité et même de la nature.