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Page:Spenlé - Novalis.djvu/96

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NOVALIS

les premières « Hymnes spirituelles » écrites en été 1799. Pourquoi Novalis a-t-il différé jusqu’en 1800 la publication de son « long poème » ? Sans doute la forme ne le satisfaisait plus entièrement. Peut-être même songeait-il à un remanîment complet. Quoi qu’il en soit, en janvier 1800 il envoya le manuscrit aux presses de l’Athenæum et cette même année l’œuvre parut dans le troisième volume trimestriel de la revue romantique. Les vers libres furent de nouveau convertis en prose ; de plus, certains développements des premiers hymnes, d’une sensualité mystique un peu hardie, furent dissimulés sous une forme plus philosophique et plus abstraite. La main qui fit ces retouches a obéi à des préoccupations formelles un peu timorées. L’ensemble est devenu. semble-t-il, plus oratoire, plus froid, moins sincèrement poétique.

Un peut distinguer plusieurs fragments dans les Hymnes à la Nuit. Les trois premiers chants forment en effet à eux seuls un groupe, un cycle presque complet, dont le troisième hymne, qui raconte une vision extatique au cimetière de Grüningen, serait le noyau central.

Les croyances et les pratiques spirites étaient fort répandues dans l’Allemagne du 18me siècle, surtout parmi la société piétiste. « De nos jours, dit Jean Paul, toute âme de qualité doit être désorganisée et désincarnée » et il fait allusion à diverses reprises dans ses premiers romans à des « Associations secrètes désorganisatrices », où se pratiquait l’éducation méthodique du visionnaire spirite. On se rappelle les écrits de Jung Stilling, de Swedenborg, si avidement lus par le grand public, et, dans le camp des philosophes et des littérateurs, le livre de Kant sur « les rêves d’un visionnaire » et le roman inachevé de Schiller, « le Visionnaire ». On parlait encore toujours des évocations de Schrepfer, à Leipzig, auxquelles avait assisté la fine fleur maçonnique et que les disciples de Schrepfer, les ministres prussiens Bischoffswerder et Wœllner, rééditaient dans les châteaux royaux de Potsdam et de Charlottenbourg. Ici encore on rencontre La-